La douleur est une expérience subjective (liée au ressenti) et donc très personnelle. Chacun interprète la sensation douloureuse selon ses expériences passées, sa culture, etc.
Ceci implique que le seuil de douleur varie d'un individu à l'autre. Cependant, lorsqu'une personne exprime une douleur, cette dernière est bien réelle quelle que soit son intensité. La personne âgée, de par les épreuves qu'elle a traversées durant sa vie, relativise souvent la douleur.
Néanmoins, de nouveaux appareils médicaux permettent désormais de s'orienter vers une évaluation objective de la douleur.
À noter : on sait qu'environ 60 % des personnes âgées souffrent de douleurs chroniques. De plus, pendant longtemps, la douleur des personnes âgées était considérée comme « normale », comme s'il n'était pas possible de vieillir sans souffrir !
Personnes âgées : plusieurs types de douleur
Chez les personnes âgées, on distingue quatre types de douleur reconnus :
- La douleur nociceptive : les nocicepteurs sont localisés dans les tissus cutanés (peau), musculaires, articulaires et osseux. Elle est la conséquence d'une lésion, compression ou inflammation tissulaire. On retrouve ce type de douleur dans les cas d'arthrose, de cancer, de brûlures, d'escarres, de plaies, d'arthrite...
- La douleur neuropathique : elle est liée à une lésion du système nerveux créant alors une hypersensibilisation. La douleur s'apparente à une sensation de brûlure, de fourmillements, de décharge électrique... On retrouve ce type de douleur lors d'un zona, de polynévrite diabétique, d'amputation (membre fantôme) ou encore lors d'un AVC (accident vasculaire cérébral) ou d'une tumeur comprimant le système nerveux.
- La douleur mixte : elle résulte de l'association de douleurs nociceptives et de douleurs neuropathiques. Elle représente le type de douleur le plus fréquente chez les personnes âgées.
- La douleur psychogène : elle résulte d'un processus de somatisation (expression physique d'une souffrance psychique). Elle se rencontre fréquemment chez la personne âgée, notamment lorsque cette dernière souffre d'une dépression ou d'anxiété. C'est ainsi que des douleurs abdominales ou dorsales peuvent être l'expression d'un grand mal être ou d'une maladie psychique.
Évaluation de la douleur chez les personnes âgées
La prévalence de la douleur (nombre de cas souffrant dans une population donnée) augmente avec l'âge pour atteindre 80 % en fin de vie. Beaucoup de personnes âgées présentent des douleurs qui sont mal voire peu prises en compte.
À noter : une personne âgée qui ne se plaint pas n'est pas forcément une personne âgée qui ne souffre pas !
Les personnes âgées souffrant de troubles cognitifs (troubles de la mémoire, de la perception, ralentissement de la pensée) ne parviennent plus à exprimer leurs douleurs. Cette absence de verbalisation demande à l'entourage et aux soignants une vigilance particulière.
Certains signes tels qu'un changement de comportement, de l'agitation, un raidissement, le retrait d'un membre, des gémissements, un repli sur soi, de l'agressivité peuvent mettre en lumière une douleur physique. Une évaluation de la douleur est alors indispensable.
Douleurs des personnes âgées : auto-évaluation
Le patient est le mieux placé pour procéder lui-même à l'évaluation de sa ou ses douleurs, tant en amont d'un traitement, que pendant la prise de celui-ci afin d'en déterminer l'efficacité.
Pour cela il existe différentes échelles d'évaluation :
- l'échelle verbale simple (EVS) définit si la douleur est faible (1), modérée (2), intense (3), extrêmement intense (4) ou inexistante (0) ;
- l'échelle numérique (EN) : le patient met une note de 0 à 10 à sa douleur (le 0 correspondant à une douleur nulle et le 10 à une douleur inimaginable ou maximale).
Hétéro-évaluation des douleurs
Lorsque la communication verbale devient difficile ou lorsque des troubles cognitifs altèrent la compréhension ou le jugement, la douleur va devoir être évaluée par l'entourage ou les soignants :
- En cas de douleurs chroniques, on peut utiliser l'échelle comportementale d'évaluation de la douleur (ECPA) chez la personne âgée non communicante. Doloplus est également une échelle comportementale.
- En cas de douleurs aiguës, on utilise l'échelle Algoplus.
Nouvelles technologies
L’évaluation objective de la douleur constitue un défi que les nouvelles technologies ont permis de relever. C’est ainsi que la société Medasense a développé le PMD200™ , un dispositif de surveillance basé sur la technologie NOL™ qui mesure la réponse physiologique des patients à la douleur.
Le système se compose d’une sonde pince-doigt qui calcule en temps réel des dizaines de paramètres physiologiques liés à la douleur. Analysées et converties par un logiciel, ces données fournissent un indice de douleur (indice NOL™ pour Nociception Level), 0 indiquant l’absence de douleur et 100 une douleur extrême.
Ce système est le premier à permettre aux équipes médicales de personnaliser et d’optimiser la prise en charge de la douleur en adaptant le dosage d’antalgiques.
Le PMD200™ bénéficie de la certification européenne CE et est disponible en Europe, où il sera de plus en plus présent dans les salles d'opération et les unités de soins intensifs.
Traitements adaptés aux douleurs des personnes âgées
La personne âgée souffre essentiellement de douleurs mixtes et de douleurs psychogènes ayant des origines physiques mais aussi psychiques. Il apparaît donc important d'allier des traitements médicamenteux mais aussi non médicamenteux plus orientés sur le bien-être.
Traitements médicamenteux face aux douleurs
Il est possible d'utiliser les formes médicamenteuse orales (comprimés, gélules, gouttes...) qui agissent sur un plan général, mais aussi des traitements locaux comme les crèmes anesthésiantes, les patchs ou encore des mélanges gazeux ayant une action antalgique et anxiolytique.
Ces différents traitements doivent être utilisés avec prudence et fréquemment évalués. Les effets secondaires devront être surveillés car la personne âgée, de par un ralentissement physiologique, élimine moins bien, moins rapidement les molécules médicamenteuses, il existe dont un risque de surdosage.
De plus, de par les polypathologies (ensemble de plusieurs maladies) dont souffrent fréquemment les personnes âgées, elles absorbent de nombreux médicaments dont les effets peuvent se potentialiser, entraînant alors des surdosages ou une perte d'efficacité.
Douleurs et traitements non médicamenteux
Réintroduire de l'humanité dans le soin et développer l'approche relationnelle permet souvent de prévenir certaines douleurs ou de les atténuer. On dispose actuellement de différents outils :
- la physiothérapie (froid/chaud, ultrasons, neurostimulation) ;
- les orthèses (prothèses) ;
- les fauteuils adaptés, les lits médicalisés, les matelas et coussin anti-escarre ;
- les massages bien-être ;
- la balnéothérapie ou la radiothérapie ;
- les techniques cognitives et comportementales (musicothérapie, sophrologie, relaxation, hypnose...).
À noter que l'activité physique est recommandée de façon systématique (et adaptée) pour tous les patients, à tous les âges et pour toutes maladies. En effet, parmi ses effets bénéfiques multiples, directs ou indirects, elle lutte contre l'inflammation et la douleur.
Soulager la douleur de la personne âgée est primordiale car elle est très lourde de conséquences. Cela permet de préserver au mieux l'autonomie et la qualité de vie. La douleur peut faire perdre le goût de vivre, favorise le repli sur soi, l'anxiété, la dépression, l'anorexie, la dénutrition, les troubles du sommeil voire du comportement...
À noter : soulager la douleur est un droit pour la personne et un devoir de la part des soignants.